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Avec « Love you, Drink Water », Amala Dianor, la danse comme trait d’union

Courir tout sourire. Ce don réjouissant, le chorégraphe Amala Dianor le possède naturellement. Qu’on le croise sur un battle hip-hop en 2023 à Cayenne, en Guyane, qu’on le rencontre à Avignon, où il présentait le duo M&M, du 2 au 6 juillet, ou à Paris, dans le cadre du Festival Paris l’été, pour Love you, Drink Water, concert dansé sur un album de son complice, le compositeur électro-soul Awir Leon, il fonce et file et… sourit. « C’est vrai qu’il y a des gens qui trouvent ça étrange que je sourie toujours mais c’est ma façon d’être », s’amuse-t-il.
Ses ondes positives, qui rechargent les batteries en éclaircissant n’importe quelle météo ombrageuse, diffusent aussi dans son geste. Savant, profond, beau sans ostentation. Autour d’un fil hip-hop solide et souple, musclé depuis l’âge de 7 ans, il enroule de multiples influences dont celles du sabar sénégalais, pratiqué pendant son enfance à Dakar, et le contemporain qu’il découvre en 2000 au Centre national de danse contemporaine d’Angers. « J’ai été le premier danseur hip-hop à intégrer cette école, rappelle-t-il. Le hip-hop m’a construit. A 7 ans, lorsque j’ai débarqué à Paris, puis dans un village de Haute-Savoie où j’étais le seul Noir à l’école, il a été mon meilleur outil d’intégration. Au-delà de la couleur, la force non verbale de la danse permet de trouver des ponts et de se faire des potes. »
Cet amour instinctif du dialogue soulève chacun des spectacles d’Amala Dianor depuis les débuts de sa compagnie en 2012. Qu’il invite trois artistes du Burkina Faso, de la Corée du Sud et du Sénégal pour Quelque part au milieu de l’infini – « histoire de sortir de sa carcasse », dit-il – ou rassemble six personnalités de la scène hip-hop dans De(s)génération, son désir ludique de l’autre déborde d’empathie joyeuse. C’est en travaillant dans le township de Katlehong, près de Johannesburg (Afrique du Sud), pour Via Injabulo, en 2022, qu’il a l’idée de sa pièce Dub, actuellement en tournée, entre krump, waacking, dancehall, électro…
Profitant de ses tournées dans le monde entier – il annonce cent vingt dates annuelles, ce qui le place parmi les chorégraphes qui tournent le plus –, il piste les nouvelles danses urbaines de Los Angeles à Calcutta. « J’ai découvert des personnalités incroyables qui constituent l’équipe de Dub, glisse-t-il. Mais, quel que soit le style, je veille à la liberté de chacun, à condition qu’il reste authentique et fidèle à la proposition spectaculaire. »
Le trait d’union de ces différentes pièces porte le nom d’Awir Leon. En 2009, Amala Dianor et lui sont interprètes dans la compagnie d’Emanuel Gat et deviennent amis. « On a dansé un duo, se souvient Awir Leon. Et on s’est immédiatement connectés, on a les mêmes références hip-hop, street et club. » Pendant qu’Amala Dianor lance sa propre écriture chorégraphique, Awir Leon choisit de creuser sa voie musicale. Ensemble, ils collaborent dès 2014 sur le solo Man Rec. « Depuis, j’ai signé la création sonore de quinze des spectacles d’Amala », poursuit Leon, presque étonné du chiffre. « Awir est un génie, s’exclame Amala Dianor. Il excelle dans tout ce qu’il entreprend et j’adore sa musique qui me plonge dans des moments de grâce. Il fait exister mon mouvement jusque dans le silence. »
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